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Le dernier rapport de Caritas montre que le secteur agricole est devenu le premier utilisateur de main-d’œuvre étrangère


Un nouveau rapport sur l’immigration a été présenté jeudi dernier à Rome et à Milan. Ce vingt-troisième rapport est le résultat de l’enquête annuelle de l’organisme catholique Caritas-Migrantes, qui dresse le tableau de la présence des immigrés dans la péninsule au cours de l’année écoulée. Et comme chaque année, il ventile des chiffres accueillis différemment suivant les sensibilités politiques ou idéologiques de qui les analyse.

Ainsi, si les données montrent des flux soutenus, Caritas-Migrantes explique que le nombre d’immigrés n’augmente pas dans l’absolu. Les chiffres analysés soulignent clairement que le nombre de « nouveaux » immigrés est lié aux naissances au sein des familles des réguliers. Les arrivants étrangers sont en baisse. Et même la présence sur le sol italien de ceux qui y étaient établis de longue date connaît un fléchissement, car beaucoup d’entre eux quittent l’Italie pour d’autres pays d’Europe ou du monde. Nombre d’entre eux ont aussi repris le chemin du retour dans leurs pays d’origine, volontairement ou de force. Pour ceux qui sont restés, la crise économique les frappe en majorité.

Mais la réalité est ici aussi contrastée, présentant également des effets positifs. Aujourd’hui, indique la fédération italienne des agriculteurs, c’est grâce aux étrangers que l’agriculture maintient son dynamisme et sa capacité d’exportation.

Quelque 320 000 étrangers travaillent dans le secteur agricole italien. C’est grâce à eux que le « Made in Italy » peut maintenir la cadence dans l’exportation des produits phares comme le fromage de Parme, la tomate en boîte, la pomme (fruit) ou l’huile d’olive. Ils appartiennent à 168 pays différents ; les Africains parmi eux étant surtout des Marocains (première communauté africaine en Italie), des Tunisiens, des Égyptiens et des Sénégalais.

Une autre conséquence de la présence immigrée en Italie se voit, souligne le rapport, dans les écoles. Aujourd’hui, 50,6% des écoliers sont des étrangers au sens large : nés en Italie, ils n’ont jamais pour la plupart d’entre eux visité une seule fois le pays d’origine de leurs parents, en Afrique ou en Asie. Cette présence explique aussi que le taux démographique italien soit redevenu positif. D’ailleurs, plus de 60% des immigrés réguliers sont des femmes de moins de 50 ans.

La réalité est donc complexe et ne s’analyse pas uniquement au travers d’anathèmes. Les étrangers en Italie, souligne la Caritas, ne sont pas que des personnes venues voler le travail et les maisons des autochtones ou des fauteurs de troubles ; ils produisent aussi de la richesse, même s’ils sont peu nombreux à en jouir. Le rapport souligne encore, en effet, que les immigrés sont les plus touchés par la crise. Ils acceptent n’importe quelles conditions de travail pour gagner leur vie. Un sur quatre de ceux qui travaillent a du mal à boucler les fins du mois.

Lucien Mpama

 

Agence d'information d'Afrique centrale, le 3 Février 2014

 

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