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Un responsable sécuritaire tente d’expliquer l’attitude du wali : «Il n’est pas autorisé à parler de ce phénomène. C’est un sujet très sensible qui a une dimension internationale. Cela dépasse les attributions d’un simple wali.»
Les autorités sont «déconcertées» par l’arrivée d’une délégation de la Croix-Rouge venue enquêter sur les conditions de détention des migrants subsahariens. Les enquêteurs se sont rendus à la prison de Tamanrasset et ont interrogé directement les détenus. Les autorités algériennes «n’ont rien à se reprocher puisque les détenus subsahariens sont traités comme les détenus algériens», assure la même source. Les services de sécurité ne veulent ou ne peuvent pas avancer des chiffres concernant le nombre de migrants vivant à Tamanrasset.

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«On ne peut pas donner de chiffres précis. Ils entrent de manière clandestine et la majorité d’entre eux ne restent pas ici. Ils vont au Maroc, à Oran, à Alger… C’es très compliqué.» Les forces de police et de gendarmerie ont été instruites il y a plusieurs mois d’arrêter les opérations de refoulement des ressortissants étrangers qui entrent illégalement en Algérie. La mesure profite à tout le monde sans exception, «même les migrants arrêtés pour vol, trafic de drogue et autres crimes sont relâchés une fois leur peine purgée.» La même source accuse la population locale de «complicité» avec les migrants : «Ce sont les habitants de Tam qui les font entrer en Algérie et en plus on leur loue des maisons et des locaux.»

Les craintes de La population

L’incapacité des autorités à gérer le flux migratoire n’a pas manqué de susciter l’inquiétude de la population.
Les jugements et les réactions sont souvent sévères, voire mâtinées de racisme. Dans l’imaginaire, les subsahariens sont mêlés aux trafics en tout genre. Les migrants qui fuient des situations de conflits exacerbés et la misère extrême vécue dans leurs pays respectifs se retrouvent ainsi stigmatisés et poussés dans les retranchements du dénuement. Et pour survivre, certains parmi  se rabattent sur des «activités» pas toujours régulières, ce qui bien entendu grossit les traits de cette réputation de fauteurs de troubles.

Il n’est pas rare par ailleurs, comme c’est le cas ces derniers temps, qu’ils soient les premiers à être pointés du doigt lorsque la moindre épidémie se déclare.  Avec la situation de guerre au nord du Mali, une autre forme de suspicion prend place,  elle est liée au terrorisme. C’est dire si la défaillance de l’Etat à prendre au sérieux le problème des flux migratoire et de réfugiés ne participe pas à mettre en présence les ingrédients du rejet dans ces contrées connues pourtant pour leur hospitalité.   M. Zanami, un Targui de Guettaa El oued, demande à l’Etat de «réserver une place spéciale pour les migrants près de la frontière, à In Guezzam, à Tinzaouatine ou à Bordj Badji Mokhrar». L’image que l’on veut donner des les migrants subsahariens n’est pas toujours conforme à la réalité. Après avoir risqué leur vie en traversant le désert, beaucoup de migrants travaillent dur pour pouvoir survivre.

Le CRA prépare l’ouverture d’un camp de réfugiés

Le Croissant-Rouge algérien (CRA) accélère ses préparatifs en prévision de l’«afflux massif» de réfugiés maliens et nigériens. «L’arrivé des flux de réfugiés est une éventualité. Nous nous préparons pour y faire face», indique Moulay Cheikh, président du bureau du CRA à Tamanrasset. Selon lui, un camp de réfugiés sera ouvert prochainement dans la wilaya de Tamanrasset. Si bien que des membres du CRA ont été envoyés la semaine dernière en stage de formation à Alger, et les moyens matériels (véhicules, tentes, médicaments et denrées alimentaires…) seront renforcés.
Le lieu devant accueillir ce camp n’est pas encore déterminé, dit-il. Pour l’instant, les «rares migrants qui se déclarent réfugiés» sont transférés vers le camp de Timiaouine, dans la wilaya d’Adrar qui accueille principalement les réfugiés ayant fui la guerre au Mali. Moulay Cheikh assure que le CRA fournit des denrées alimentaires, des couvertures et des médicaments à tous les nécessiteux à Tamnrasset, «sans distinction» entre migrants ou citoyens algériens.

 

El Watan, le 31 Mai 2014

 

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