Idomeni (Grèce), mercredi. Des réfugiés manifestent pour pouvoir entrer en Macédoine, direction l'Europe de l'Ouest et du Nord.

 

Une mesure sans précédent, dictée par une crise migratoire hors norme. L'Union européenne a proposé mercredi un budget humanitaire de 700 millions d'euros pour aider ses Etats membres qui se trouvent en première ligne face à l'afflux massif de réfugiés.


La Grèce s'attend ainsi à accueillir 100 000 migrants et avait demandé une aide de 480 millions d'euros, alors que les pays situés sur la route des Balkans ont mis en place des politiques drastiques à leurs frontières, sous la houlette de l'Autriche.

«La proposition d'aujourd'hui rendra 700 millions d'euros disponibles pour fournir de l'aide là où elle est le plus nécessaire», a déclaré le commissaire européen chargé de l'Aide humanitaire, Christos Stylianides, proposant 300 millions d'euros pour 2016, et 200 millions par an les deux années suivantes. La présentation ne détaille pas les pays qui en seront les bénéficiaires, mais l'aide «ira, dans une large mesure, vers la Grèce, parce que c'est là que nous avons la crise humanitaire la plus grave», a-t-il expliqué.

10 000 migrants bloqués en Grèce

La Macédoine a rouvert mercredi sa frontière en laissant passer environ 250 réfugiés Syriens et Irakiens alors que 10.000 autres migrants continuaient d'attendre côté grec. Un premier groupe de 170 réfugiés est passé dans la nuit de mardi à mercredi et 80 autres ont ensuite graduellement franchi la frontière entre les deux pays jusqu'à 16 heures. Il s'agit des premiers groupes de migrants autorisés à traverser cette frontière, point de passage de la route des Balkans à destination des pays de l'Europe du Nord, depuis des incidents survenus lundi entre des migrants et des policiers macédoniens.

Lors d'une visite à Madrid, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a une nouvelle fois dénoncé mardi soir les restrictions imposées aux migrants aux frontières dans les Balkans, qui ne «sont pas conformes au droit international ou à la décence humaine». De nombreux pays de la région, n'autorise l'entrée sur leur territoire que des personnes possédant un passeport, c'est-à-dire des Syriens et Irakiens, les Afghans ne disposant pas habituellement de papiers.

Pour tenter de mettre fin à la cacophonie européenne, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a entamé mardi à Vienne une tournée dans les Balkans et se rendra jeudi et vendredi en Turquie, avant un sommet extraordinaire européen le 7 mars à Bruxelles auquel assistera Ankara.

La Turquie prête à signer un accord de réadmission avec 14 pays

La Turquie a annoncé mercredi être prête à signer avec quatorze pays un accord de réadmission sur son sol des migrants clandestins, afin de ralentir le flux des départs entre ses côtes et l'Union européenne (UE), sans nommer les Etats concernés. «Il est hors de question d'arrêter immédiatement les migrations irrégulières. Nous n'avons pas de carte magique entre nos mains», a précisé le ministère des Affaires étrangères.

La Grèce a renvoyé mardi en Turquie environ 150 migrants, surtout des ressortissants marocains, tunisiens et algériens, dans le cadre d'un «accord de réadmission» signé en 2002. Ankara s'est engagée vis à vis de l'UE à ralentir le flux des migrants qui traversent la mer Egée depuis ses côtes jusqu'en Grèce voisine, en échange d'une aide de trois milliards d'euros et d'une accélération de sa procédure de candidature à l'UE. Mais cet accord tarde à produire ses effets et Bruxelles reproche à la Turquie de ne pas en faire assez pour stopper ces mouvements.

 

leparisien.fr le 03/03/2016