La ville de la Marsa, avec ses différents quartiers et ses différentes réalités, accueille un très grand nombre de migrant.e.s, notamment d’origine subsaharienne, comme des travailleurs et travailleuses, des familles, des étudiants, des mineurs mais aussi des réfugié.e.s. Certains quartiers peuvent être particulièrement marginalisés et difficiles, tant pour les tunisien.ne.s que pour les migrant.e.s. Les profils socio-économiques des personnes qui y sont implantées sont très diversifiés. Cette diversité se retrouve dans la structuration urbaine du territoire ainsi que dans les relations sociales. Ces « périphéries » sont pourtant situées à proximité du centre-ville et font partie de la ville de la Marsa, qui est très aisée.

Le quartier de Bhar Lazreg est un exemple de ces espaces qui connaissent bien le phénomène migratoire, ayant d’abord accueilli les populations rurales de Tunisie, puis les communautés d’immigrants.  En plus du manque d’accès aux services de première nécessité s’ajoute une faible offre d’opportunités, qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles, ce qui risque de conduire à une hausse de la criminalité et, plus généralement, à un sentiment d’abandon pour les populations qui y habitent.

En l’absence d’un cadre légal national pour la protection des demandeurs.euses d’asile et des réfugié.e.s, à laquelle s’ajoutent des mesures complexes et restrictives ainsi qu’un accès aux services très restreint pour les migrant.e.s, des tensions se déclenchent rapidement, notamment entre les communautés.

Face aux flux migratoires et aux tensions socio-économiques, les villes comme la Marsa ont donc besoin d’un système d’inclusion effectif.

Afin de briser les barrières socio-économiques existantes et de rapprocher les habitants de cette ville, le projet « Accroître la contribution positive des migrants au développement local de la ville de La Marsa et utiliser les arts pour renforcer leur inclusion sociale dans le développement local de la ville », faisant partie du programme MC2CM, Mediterranean City-to-City Migration, a été lancé à la Marsa par UN-Habitat Tunisie, en partenariat avec Terre d'Asile Tunisie et la Municipalité de la Marsa. Le projet s’est entièrement déroulé dans des espaces de la ville de la Marsa, dans le but de favoriser l’inclusion urbaine en augmentant la visibilité de la contribution positive des personnes migrantes au développement local de la ville.

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Cohésion sociale et lutte contre les exclusions, narration positive et non stigmatisante des expériences migratoires, amélioration des espaces publics visant à la réduction des inégalités font partie des mots clés à la base de ce projet.

Pour mettre en place ce projet, les différentes parties prenantes actives dans la commune (associations locales et communautaires, municipalités, maisons des jeunes…) se sont alliées dans le cadre d’un processus participatif afin de prendre note des besoins de ces populations et de réfléchir à des réponses innovantes qui mettent en avant le vivre ensemble.

A travers des réunions participatives, au cours desquelles les constats de la situation actuelle ont été présentés, les différentes parties ont pu exprimer leurs perceptions et leurs idées. Cela a permis de constater qu’un nombre croissant des personnes habitant dans la ville vivait dans des conditions précaires, particulièrement fragilisées par la non obtention de titres de séjour, le manque d’accès au marché de l’emploi formel et au logement. De plus, leur vulnérabilité est encore plus flagrante depuis la crise sanitaire du COVID-19, qui a causé d’importantes pertes de sources de revenus.

Le genre, le pays d’origine ainsi que d’autres facteurs sociaux ont été relevés comme déterminants dans le degré de vulnérabilité. Par exemple, les femmes subsahariennes, une grande majorité de mères célibataires élevant leurs enfants seules, sont particulièrement exposées au harcèlement sexuel ainsi qu’à l’exploitation dans le milieu du travail. Parmi les besoins des enfants, la scolarisation et le loisir sont les grandes priorités, alors que chez les adultes, la recherche de perspectives de vie professionnelle reste primordiale.

Si ces exigences ressortent sur le terrain, les échanges avec la Mairie de la Marsa, notamment avec Madame Nabila Hamza, Madame Rawdha Zaouchi et Madame Zouhour Grira, ont permis de mieux comprendre les lacunes au niveau urbain et social de même que les priorités qui y sont reliées. Parmi celles-ci, nous trouvons le manque d’infrastructures, les risques d’inondation, la nécessité de soutenir la jeunesse ainsi que les femmes et d’apaiser les tensions sociales via le travail des associations.

 

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L’une de ces consultations participatives a notamment ouvert la porte à des partenariats associatifs : Al Badil, Lion Heart pour l’humanitaire, By Lhwem et le collectif Elembo Y’Afrika ont été choisis de facto comme partenaires de projet, du fait de leur existence sur le terrain.
Ils ont eu pour mission d’animer une formation professionnalisante en management culturel et artistique, action mise en place par l’association Al Badil, mais aussi de mobiliser les jeunes et les enfants de leurs communautés, entourages et bénéficiaires, dans le cadre de la participation à des ateliers de création artistique.

 

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En vue d’une collaboration plus étroite avec les institutions publiques, les activités artistiques de ce projet se sont déroulées à la Maison de jeunes de la Marsa, celle-ci étant accessible et pouvant regrouper les jeunes et les enfants tunisien.n.es ainsi que les migrant.e.s. afin de favoriser les échanges entre les populations locale et migrante.

 

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Profitant des vacances scolaires, le coup d’envoi des ateliers artistiques a été lancé en juin. Le volet artistique de ce projet, vise, d’une part, à mettre en place une pièce artistique avec des jeunes pour témoigner de l’union qui relie les participant.e.s et, de l’autre, à la réalisation de dessins et d’une fresque, à travers lesquels les enfants peuvent transmettre ces messages de fraternité, d’africanité, de tolérance et d’inclusion. Les jeunes artistes amateur.rice.s tunisien.nne.s et migrant.e.s, âgé.e.s entre 16 et 25 ans, préparés par un cycle de formation en management culturel, sont devenus les protagonistes des ateliers de création artistique (danse, théâtre, slam…) animés par des formateurs.rices tunisien.n.es et migrant.e.s faisant partie des associations partenaires du projet, sous la direction du danseur et chorégraphe Imed Jemâa.

 

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En parallèle, des ateliers d’art plastique ont été organisés dans le but d’aménager la scène pour le spectacle et d’élaborer une fresque murale au sein du complexe sportif de la Marsa.

 

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En septembre, les ateliers ont pris fin et aboutissent à une représentation finale intitulé « UNION » le 15 septembre, au Complexe Sportif de la Marsa, à partir de 19h.

« L’Afrique est au cœur de notre imaginaire : sa présence nourrit quotidiennement la culture mondiale. Creuse d’influences multiples, l’Afrique contient du dialogue, de l’humain, de l’hospitalité et des relations interpersonnelles dans le monde entier.

L’Afrique entretient des liens de fraternité, de solidarité et d’espoir.

Arriverons-nous à perpétrer ce désir d’union auquel aspire notre idéal d’êtres humains ? »