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Au moins 3 419 migrants ont perdu la vie en Méditerranée depuis le mois de janvier. Cette traverséeest devenue « la route la plus mortelle du monde », a annoncé mercredi 10 décembre le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

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Depuis le début de l'année, ce sont plus de 207 000 migrants qui ont tenté de rejoindre l'Europe par cette voie. Un chiffre presque trois fois plus élevé que le précédent record. En 2011, 70 000 migrants avaient fui leur pays lors du printemps arabe.

« Ces chiffres constituent une nouvelle étape à laquelle nous assistons cette année : nous faisons fasse à un arc de conflits et l'Europe y a été directement confrontée », a déclaré le porte-parole du HCR.

Avec des conflits au sud (en Libye), à l'est (en Ukraine) et au sud-est (en Syrie et en Irak), le Vieux Continent connaît actuellement le plus grand nombre d'arrivées par la mer. Près de 80 % des départs s'effectuent depuis les côtes libyennes pour rejoindre l'Italie ou Malte.

 

PEU DE RESPECT DE L'ASILE

La plupart de ces migrants arrivés en Italie cette année sont des Syriens (60 051), leur pays étant ravagé par une guerre civile depuis plus de trois ans et demi, et des Erythréens (34 561), qui fuient pour échapper à la répression brutale du pouvoir, au service militaire à vie, et au travail forcé, non rémunéré et à durée illimitée.

Le HCR a critiqué la gestion migratoire des Etats européens, regrettant que certains gouvernements se focalisaient davantage sur le maintien des étrangers hors de leurs frontières que sur le respect de l'asile.

« Tous les pays ont des préoccupations de sécurité et de gestion de l'immigration, mais les politiques doivent être conçues de manière à ne pas conduire à ce que les vies humaines deviennent des dommages collatéraux », a affirmé António Guterres, haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés.

 

DE « MARE NOSTRUM » À « TRITON »

Pour le seul mois de novembre, 8 000 migrants ont été secourus en mer Méditerranée. Des bateaux de sauvetage ont encore porté secours fin novembre à 320 migrants sur une embarcation de fortune, rapatriés au port d'Augusta (Sicile), et à un autre bateau avec à son bord 182 passagers, transportés jusqu'à Porto Empedocle sur la même île.

Fin octobre, les autorités italiennes ont cependant confirmé la fin du plan « Mare Nostrum », qui a permis de sauver des dizaines de milliers de clandestins. Rome avait lancé cette opération sans précédent dans l'urgence de la tragédie qui avait frappé Lampedusa, mais ne souhaitait pas la prolonger à long terme, faute de soutien de ses partenaires européens.

Plusieurs d'entre eux ont finalement accepté de contribuer à une nouvelle opération, baptisée « Triton ». Elle sera limitée à la surveillance de la frontière extérieure de l'UE en Méditerranée.

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Le Monde, le 10.12.2014