Des migrants secourus par des gardes-côtes au large de Tripoli, le 29 septembre 2015. Crédit photo: MAHMUD TURKIA / AFP

Depuis le début de ce qui est souvent nommé «la deuxième guerre civile libyenne» en 2014 et l'éclatement du pays, avec d'un côté le gouvernement de Tobrouk et de l'autre celui de Tripoli, à ce quoi s'est ajouté l'implantation du groupe terroriste Etat islamique sur plusieurs zones côtières, notamment autour de Syrte, la Libye est devenu un lieu de transit pour les migrants, qui viennent d'Afrique subsaharienne et à un degré moins du Moyen-orient. Les passeurs amènent les réfugiés sur les côtes d'où s'élancent, sans être trop inquiétées, des dizaines d'embarcations de fortune en direction de Lampedusa, l'île italienne toute proche.

Des personnages sans scrupule, les passeurs, profitent de la misère humaine pour se faire des milliers de dollars sur le dos des migrants.

Mais dans le désert, un autre péril menace les hommes et les femmes qui fuient: les combattants de l'Etat islamique. Dans un long sujet, le site Middle East Eye rapporte le témoignage d'Abdul, un migrant nigérian, qui raconte comment il a été intercepté par Daech (l'acronyme arabe de l'Etat islamique) alors qu'il remontait vers la côte.

«Vous allez combattre pour Allah»

Arrêté en compagnie de deux Soudanais qui étaient musulmans comme lui, il a dû prouver sa foi devant les hommes de Daech en récitant des versets du Coran. Ensuite, l'enfer a commencé.

«Ils nous ont dit: "vous allez travailler pour nous. Vous allez combattre pour Allah, mais c'est le djihad, et si vous mourrez vous irez au paradis"», raconte Abdul à Middle East Eye.

Quelques jours plus tard, Abdul a commencé à s'entraîner avec «environ 30 autres migrants originaires d'Afrique subsaharienne», note le site. Il a appris à tirer avec une kalachnikov et à se déplacer avec son armement dans le désert. L'objectif de l'EI: grossir ses troupes en Libye où le groupe terroriste doit combattre sur plusieurs fronts sans bénéficier – et de loin – du même nombre de combattants que dans la zone Syrie-Irak.

D'autres médias avaient déjà rapporté des captures de nombreux migrants par Daech ces derniers mois. En juin 2015, le quotidien britannique The Telegraph révélait que 86 Erythréens avaient été kidnappés par le groupe terroriste. Certains avaient été tués, d'autres enrôlés de force.

slateafrique.com 11/03/2016