Amnesty dénonce des expulsions collectives illégales de réfugiés syriens par la Turquie”

Sous bonne garde de la police grecque, et sous le regard des agents de Frontex, l'agence de surveillance des frontières extérieures de l'UE, les migrants renvoyés, presque tous des hommes, ont embarqué à l'aube dans le calme sur les bateaux turcs venus les chercher, deux à Lesbos et un à Chios, l'air souvent mélancolique. Ankara a obtenu en contrepartie que l'UE prenne directement en charge des milliers de Syriens réfugiés en Turquie, une aide financière renforcée, une accélération de l'exemption de visas pour ses ressortissants et une reprise des négociations d'adhésion à l'UE.

"Les préparatifs sont en cours", a déclaré à l'AFP Yiorgos Kyritsis, porte-parole de l'Unité de coordination des réfugiés de Grèce, sans plus de détails.

Ainsi, alors que 202 migrants (dont deux Syriens) effectuaient la traversée d'une dizaine de milles seulement depuis les îles grecques de Lesbos et de Chios lundi matin, un groupe de 16 Syriens, trois familles, atterrissait à Hanovre (nord de l'Allemagne), et un second groupe de 16 était attendu dans la journée.

Selon une source européenne, ils porteront sur quelque 500 personnes, "des Syriens, Afghans et Pakistanais qui n'ont pas demandé l'asile" en Grèce. Selon les observations de l'organisation, beaucoup de ceux qui ont été renvoyés en Syrie semblent être des réfugiés non enregistrés.

Lundi au port de Lesbos, quelques personnes ont manifesté aux cris de "Honte à vous!" au départ du bateau de migrants alors que le soleil se levait sur la mer Egée. L'agence de presse grecque ANA avait annoncé dimanche que 750 migrants seraient renvoyés entre lundi et mercredi.

Il s'agit de la première vague de renvois de migrants vers la Turquie, acceptée par celle-ci dans le cadre d'un plan signé avec l'UE le 18 mars, et qui concerne tous les migrants entrés illégalement en Grèce depuis le 20 mars.

Les premières commissions d'asile seront constituées sur les îles "d'ici le 7 avril", a-t-il ajouté. "Si l'accord est mis en œuvre comme prévu, il existe un risque réel que certaines des personnes renvoyées par l'UE en Turquie connaissent le même sort".

A Chios, une autre île de la mer Egée face à la Turquie, un autre bateau turc continuait vers 06h45 heure française à embarquer des migrants, rapporte l'AFP. "Tout à leur hâte de sceller leurs frontières, les dirigeants de l'UE ont délibérément fermé les yeux sur un fait très simple: la Turquie n'est pas un pays sûr pour les réfugiés syriens et la situation se dégrade en outre de jour en jour", pointe le directeur du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International, John Dalhuisen.

Par ailleurs, près de 50.000 autres migrants et réfugiés arrivés en Grèce avant le 20 mars y sont bloqués depuis la fermeture de la route des Balkans.

 

beninmondeinfo.com/ le 05/04/2016